« I will rise now, and go about the city in the streets, and in the broad ways I will seek him whom my soul loveth : I sought him, but I find him not. The watchmen that go about the city found me : to whom I said, Saw ye him whom my soul loveth ? »
« Song of Salomon », Cantique des Cantiques
Je t’ai dit que je me marierai et que j’aurai des enfants. Le mariage, c’est simplement pour faire comme tout le monde. Ma femme sera belle, naturellement. Je ne lui demanderai pas de penser ; de toute manière, je ne l’écouterai pas. Si elle n’est pas stupide, ça ferait simplement mieux auprès de mes amis. Les autres hommes me jalouseront et j’aimerai voir leurs regards avides sur ce corps que je serai seul à caresser. Ça me fera jouir, et ça sera bien la seule chose avec elle qui me fera prendre mon pied. On sera un couple admiré mais loin d’être admirable. Ça sera un décalage de plus dans ma vie. Les enfants, c’est un des caprices de l’adolescent pourri que j’étais ; de l’adulte corrompu que je suis. Ils seront à moi parce qu’ils me devront la vie. Je serai leur créateur, l’initiateur des commandements de leur vie. Je serai Dieu, ils seront mes fidèles. Ils me loueront un culte, et je crois bien que j’aimerai ça. Une femme. Des enfants. Tous m’aimeront et je ne leur accorderai pas même un regard. Je les ignorerai. Ils en souffriront. Ça me sera totalement indifférent. Tard le soir, je traînerai toujours dans les bars. Je continuerai aussi de me promener seul dans les bois. Tu ne m’y accompagneras plus, je te l'interdirai. On se sera quitté, on se sera fait nos adieux depuis des années. Pourtant, on n’y pensera toujours et ça nous fera même un petit quelque chose. Peut-être le goût de l’inachevé. Je me souviendrai de toutes ces nuits passées loin de toi et il m’arrivera d’avouer que j’ai pensé à toi dans leur lit. Je me dirai que c’est terminé, et qu'il y a une fin à tout. Alors parfois, je crierai : « Aujourd’hui, je ne pleurerai plus ».
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