« I see flowers everywhere
But it's only cring that come up in the air. »
Lost Highway, AaRON
Matthiew venait régulièrement dans ce bois. Dés qu'il avait été en âge de marcher, il s'y était promené avec ses parents durant des après-midis entiers. Il se souvenait des nombreux pique-niques improvisés qu'ils avaient organisés sur l’herbe. Il se revoyait encore soulevé par son père et sa mère, lui faisant traverser des rivières imaginaires peuplées de féroces crocodiles. Dans ce bois, on avait installé des jeux d’enfants. Il avait joué dans chacune de ces petites cabanes de bois, il avait glissé le long de ces trois toboggans rouges, un jour il avait presque touché le ciel du bout des pieds quand il s'était assis sur ces balançoires, poussées par son père. Aujourd'hui, Matthiew n'était plus un enfant mais il continuait de s'y promener régulièrement, tard dans la nuit. Il y venait pratiquement tous les soirs et il en profitait pour fumer quelques cigarettes. Elles étaient comme l’expiation de fautes inconnues, comme la délivrance temporaire de boulets auxquels il était enchaîné depuis trop longtemps. Certaines fois, Matthiew marchait durant des heures et s’arrêtait quelquefois sur un banc pour écouter la nature. Elle ne s’endormait jamais. A toutes heures, elle l’accompagnait dans ses marches solitaires. C’était la seule présence qu’il tolérait durant ces moments-là. Seul au milieu du bois, il lui arrivait souvent de pleurer. Alors, il s’asseyait tout tremblant sur l’une des balançoires et il attendait. Il patientait, sans que personne ne puisse l’apercevoir. C’était sans doute l’unique endroit où Matthiew se laissait aller. Parfois, après s’être calmé, il s’allongeait sur l’herbe fraiche et regardait le ciel. Il aimait observer les étoiles. Elles le fascinaient. Plus d’une fois, il s’était assoupi au milieu de ses rêveries et ne s’était réveillé qu’en sentant sur son visage les gouttes de pluie des premières averses d’été. C’est seulement là qu’il riait, le corps bientôt ruisselant, l’âme soulagée, lavée de crimes imaginés qu’elle n’avait jamais accomplis.
1 commentaire:
J'adore ta plume, et le passage sur les étoiles m'a fait pensé à moi! Bonne année aussi! ;-)
A bientôt!
Chris
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